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•   DÉMARCHE ARTISTIQUE

À travers une production plastique protéiforme, Jean-Arneau Filtness pose les bases d'un travail à l’entrecroisement permanent de deux plans : celui de la recherche pure (parfois froidement expérimentale) et celui de la prospection poétique (sensible, solaire et lumineuse). Ces pôles cependant sont unis par des analogies plus précises et plus fondamentales encore : un certain sens de la poésie qui traverse ces deux plans et le choix du titre des œuvres.

 

Renonçant à la répétition du même, fonctionnant par ricochets, ces recherchent tentent de refléter le monde -parfois jusqu’à l’absurdité-  dans ses dimensions à la fois terribles et merveilleuses, en jouant librement avec les frontières et les repères, en s’intéressant moins aux choses qu’à leur interactions.

 

Ses récents travaux – quittant peu à peu le plan de la recherche pure et les questions d’esthétique pour paraphraser l’historien de l’art Paul Ardenne – s’intéressent plus particulièrement à la pertes de repères et aux questions liées à la crise écologique, en s’ouvrant sur les questions environnementales (éthiques) indissociables des problèmes de société.

« Diplômé d’une maîtrise en philosophie à l’université de Paris 8 - Vincennes Saint-Denis, Jean-Arneau Filtness, passionné d’art, a passé ses jeunes années à parcourir les expositions d’art contemporain parisiennes et à se plonger dans les livres, sur la philosophie toujours, sur le langage souvent, Wittgenstein n’étant jamais loin. Un intérêt sensiblement ancré dans son histoire personnelle.

Né à Dublin dans les années 70 de père irlandais et de mère française, il quitte le Nord de l’Europe à l’âge de cinq ans pour résider dans le Var, avec une partie de sa famille. Après des études secondaires à Toulon, il s’installe à Paris et côtoie ardemment le monde de l’art contemporain, du cinéma, de la musique. Il obtient en 2001 une bourse du FIACRE du Ministère de la Culture et séjourne six mois à New York pour y étudier la scène artistique contemporaine. Il se plonge intensément dans la littérature philosophique américaine. De retour à Paris, il développe différentes approches d’écriture expérimentales et reprend ses recherches plastiques. Il s’installe à Château-l’Hermitage en 2020, après trente années passées dans la capitale, et se consacre alors entièrement à son art, dans son atelier de ce petit village sarthois, dans un élan presque vital. Bouillonnant d’idées, galvanisé par son envie de faire et d’apprendre, cherchant à la fois tribune et caution, il se dédie à son art, fidèle à lui-même et à ses ambitions artistiques. »


Extraits du portrait rédigé par Marie Frampier suite à l’invitation du Pôle arts visuels Pays de la Loire (date de parution : 20 mai 2024)

 

•  REVUE RMM ROUEN NORMANDIE, LA RONDE #7

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Écrivain dont la langue et la forme même des textes sont soumises à l'expérimentation, cinéaste aux métrages élaborés au creux de relectures fouillées d'Homère (65 av. J.-C. - 8 av. J.-C.), de Dante (1265-1321) ou bien encore de Guy de Maupassant (1850-1893), Jean-Arneau Filtness est également artiste plasticien.
Dans le cadre de La Ronde #7, il investit le musée de la Céramique ainsi que le musée des Beaux-Arts pour quatre propositions.
Pour 3 FLEUVES RECTILIGNES IMAGINAIRES, installé dans la salle des Damiers du musée de la Céramique, l'artiste adopte d'emblée le contrepoint d'un imaginaire collectif qui fait du fleuve l'incarnation de la courbe et de la sinuosité. Il fait fi également de réalités géographiques a priori indiscutables - sur lesquelles pourtant les savants ne s'accordent pas -, appliquant pour sa part à ses œuvres des dimensions chimériques (son plus long fleuve totaliserait dix Amazone !).
Réfléchi et conceptuel autant que spirituel et sensible, l'artiste souligne combien la normalisation scientifique fait de la mesure une réalité possiblement relative : en vrai, on ne tire pas la queue d'un fleuve pour l'allonger et lui donner une autre forme ; pour autant, il le fait et pour de vrai... Pièce sobre et minimaliste, 3 FLEUVES RECTILIGNES imaginaires établit un dialogue fécond entre réel et imaginaire, aboutissant ici à cette poétique course de fleuves.
Les recherches menées avec le maître verrier Éric
Boucher, sur la couleur et sa translucidité, ainsi que la découverte progressive des collections du musée de la Céramique, une plongée dans le bleu de la faience rouennaise, ont offert de nouvelles orientations au projet. L'adjonction d'une surface réfléchissante à l'arrière du verre coloré vient enrichir les tonalités initiales générées par l'aléatoire des couleurs du temps filant le long des jours.
C'est dans la dernière ligne droite de la conception qu'est apparue la « projection de Fuller », qui donne la forme particulière du miroir. Souhaitant loger ses fleuves au creux de l'espace charnel d'un territoire, Jean-Arneau Filtness a opté pour cette représentation cartographique, à ses yeux la plus critique et la plus juste politiquement, car la moins européanocentrée.

80 MILLIONS DE KM3 D'EAU IMAGINAIRE, présenté sur la Table dressée ainsi que dans la vitrine consacrée à l'ocre niellé, est né dans le giron de 3 FLEUVES RECTILIGNES IMAGINAIRES. Le bleu est inspiré de celui de la faïence rouennaise.

Le Horla (1886), nouvelle de Maupassant (1850-1893), est prétexte à un film expérimental. Si, au fil des pages, une force imperceptible prend possession du narrateur qui finira fou, la vidéo se concentre sur le début du récit où, en peu de lignes, s'opère la bascule de la félicité au malaise. Auprès du fleuve, le héros du livre voit passer un convoi de navires. En 2019, le vidéaste capte la descente des voiliers vers la mer. L'artiste souligne, ce faisant, combien chez Maupassant déjà le paysage est métaphore du malaise: « On dirait que l'air, l'air invisible est plein d'inconnaissables puissances, dont nous subissons les voisinages mystérieux. » Le vidéaste concentre « l'invisible » autour de la figure du fleuve, profond et insondable, comme l'est l'âme humaine. En faisant pivoter le cadre de la vidéo de 90°, il opère la mue du paysage en portrait d'un jeune homme prêt à succomber à la folie.

DIVERSES CONFLUENCES fait écho à la Boîte-en-valise (1935-1941) de Marcel Duchamp (1887-1968), exposée à proximité. Jean-Arneau Filtness y emprunte le principe du modèle réduit et fait référence à son œuvre centrale : Le Grand Verre (1915-1923, Philadelphia Museum of Art). Il en reprend les uniformes des célibataires et le concept du « stoppage étalon ». Celui-ci se fonde sur l'expérience suivante : soulignant avec ironie le caractère normatif de tout système métrique, Marcel Duchamp laisse choir sur le sol des ficelles d'un mètre de longueur afin de capturer les formes aléatoires prises par les cordelettes. Jean-Arneau Filtness détourne la citation duchampienne vers le sujet du fleuve. Il souligne sinuosités et méandres comme autant d'invitations à percevoir le cours d'eau en tant que multiplicateur de paysages, un complice en mesure de nous aider à déplier infiniment un territoire, qu'il soit géographique ou conceptuel.


Florence Calame-Levert, conservatrice d’art moderne et contemporain au Musée des Beaux-Arts de Rouen, au sujet de l’exposition La Ronde #7 organisée par la RMM Rouen Normandie, septembre 2023
 

 

  Campagne d’affichage dans les gares SNCF de Normandie dans le cadre de la candidature de Rouen à la CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE 2028

 

•  Libération, article de Clémentine Mercier publié le 23 septembre 2023 - Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie - La Ronde #7 -
Illustration : photogramme extrait du film HORLA, pages 1 et 3 

•   Flâner - La revue des musées de Rouen (édition 2023-2024) Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie - La Ronde #7 

 

•  Campagne de communication sur les réseaux sociaux, 2023-2024